C’est suite à un cours sur l’économie solidaire organisé par le Mouvement de Défense des Favelas (MDF) que Cristiano Cardoso et ses associés décident se lancer dans le recyclage de déchets. “Un groupe triait déjà les ordures de façon informelle à l’extérieur de la favela, nous avons fusionné avec eux en ajoutant une dimension légale et administrative”, se souvient le jeune père de famille.
Le 27 décembre 2007, les statuts de la coopérative Cooper-Recifavela sont déposés. Ses membres travaillent alors à ciel ouvert, sous le viaduc qui longe Villa Prudente, leur quartier. Ils démarchent alors écoles et entreprises afin de mettre en place des points de collecte. Sans matériel ni locaux, les débuts sont laborieux. Recifavela se heurte même à la défiance de la mairie conservatrice de São Paulo, qui se méfie de l’aspect coopératif de l’entreprise.
L’équipe de Cooper-Recifavela devant leurs locaux:
“Nous faisons le travail de la mairie”
Avec l’aide du MDF, du Rotary Club, du Fond pour l’Environnement de l’État de São Paulo, le projet décolle finalement.
Depuis octobre 2013, Cooper-Recifavela est installé dans un hangar aux frais de la Mairie. Un camion à ordures municipal vient d’ailleurs quotidiennement livrer des déchets. Pour le père Assis Tavarès, missionnaire capverdien investi dans l’aventure, ce soutien bienvenu est logique, “après tout, nous faisons leur travail”.
Avant de pouvoir être recyclés, les déchets doivent être triés et conditionnés :
Les 25 membres de la coopérative traitent aujourd’hui deux tonnes de déchets par jour et prévoient de quadrupler ce chiffre avec l’acquisition prochaine d’un tapis roulant.
Devant un tas d’ordures à l’entrée de la favela, le père Tavarès confie, “C’est ça que nous voulons faire disparaître. Mais il ne suffit pas d’organiser des points de collecte. Nous devons changer les mentalités”.