« Et si les villes de demain étaient souterraines? Répondront-elles aux mêmes exigences que les villes actuelles? Sont-elles des alternatives aux enjeux climatiques et environnementaux d’aujourd’hui? Quelques réponses sont proposées par les chercheurs de l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne, notamment sur l’autoproduction d’énergies. Mais sur le plan opérationnel, rendez-vous dans 20 ans! »
Corentin Greuez
Géographe/Urbaniste consultant, Staff Planète
Des villes toujours plus nombreuses, plus peuplées, plus denses : l’urbanisation est un des grands défis du monde actuel. Construire la ville, améliorer l’utilisation des ressources, penser un développement durable et concerté… le souterrain est-il l’avenir de la ville durable ?
Un être humain sur deux habite aujourd’hui en ville, et selon l’ONU, les villes accueilleront près de 2,5 milliards d’habitants additionnels d’ici 2050. Après les modèles d’extension horizontale des villes, d’extension verticale, les sous-sols apparaissent aujourd’hui à nombre d’urbanistes, d’architectes et de décideurs publics comme un potentiel inexploité.
Parmi les villes emblématiques, Toronto est très souvent cité en exemple pour l’utilisation qu’elle fait de son sous-sol. La ville dispose en effet d’un réseau souterrain intitulé PATH : un réseau de 28 kilomètres, qui est autant le grand centre commercial souterrain du monde, qu’un lieu de vie économique.
Ce réseau relie bureaux, métros, magasins et permet de désengorger les rues, et de fournir en toutes saisons un lieu de vie et d’activité économique au coeur même de la ville. En Amérique du Nord, où les immeubles de bureaux occupent souvent tout l’espace disponible en centre-ville, ce réseau souterrain permet de créer un environnement plus propice aux commerces et piétonnier.
La meilleure exploitation du sous-sol pose toutefois de nombreuses questions en termes de développement. Depuis quelques années, l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) apparaît comme un des acteurs en point dans la réflexion sur l’exploitation durable des sous-sols d’une ville. Mandaté par la ville de Lausanne, les chercheurs élaborent une méthodologie pour réussir la planification de l’exploitation du sous-sol, car ces-derniers sont déjà parfois saturés de réseaux (métros, tunnels, canalisations d’eau, réseaux électriques, fondations des immeubles…).
Les chercheurs ont pointé les difficultés nées du manque de coordination entre les différents acteurs et d’une exploitation uniquement sectorielle : “Plutôt que de consacrer un volume du sous-sol à un usage unique, prohibant souvent tout autre usage ultérieur, étudier si ce volume ne peut pas être utile à plusieurs usages compatibles”
Ils ont donc identifié les 4 types de ressources du sous-sol : la géothermie, les nappes phréatiques, les espaces souterrains constructibles et les matériaux de construction. À partir de là, ils souhaitent accélérer la réflexion vers une approche « multi-usages ».
Les 4 ressources principales du sous-sol urbain selon l’EPFL
Entre rêves d’architectes, enjeux d’ingénierie et attentes des habitants, la ville souterraine apparaît comme un horizon riche en opportunités pour les villes durables.
Auteur: eMag SUEZ environnement
Publié le 5 Mai 2015
Disponible sur le site Le Huffington Post
Photo à la une: eMag SUEZ environnement