« Apocalypse climatique », « défi immense », « signal d’alarme »… Au lendemain de la publication par les experts sur le climat d’une évaluation mondialealarmante, les éditorialistes de la presse quotidienne veulent croire à une réaction des politiques. Même s’ils jugent sévèrement « les écologistes » qui « feraient mieux de se concentrer sur cette question vitale du réchauffement climatique, plutôt que de se retrouver à manifester aux côtés d’anarchistes ou de casseurs ». Revue de presse.
« Voici un quart de siècle, lors de la création du Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), il faisait froid à la Toussaint. On se rendait dans les cimetières avec des manteaux. Or nous venons de passer un week-end en tee-shirts et lunettes de soleil ! » s’emporte Alain Dusart dans « L’Est Républicain ». « Pendant ce temps, à Copenhague, les experts du Giec étaient à l’ouvrage. En présence du secrétaire général de l’ONU, ils ont délivré un nouveau message alarmiste sur les ‘effets sévères et irréversibles’ du réchauffement climatique. »
« Un round de négociations va s’étirer pendant un an avant la conférence de Paris fin 2015 où les pays signataires devront s’engager. À ce stade, le pessimisme est de rigueur. En un siècle, la température a grimpé de presque 1 degré et le niveau des mers de 19 centimètres », s’alarme l’éditorialiste.
Et de prévenir : « D’ici à 2050 il faudra réduire cet accélérateur des gaz à effet de serre de 40 % à 70 %, et les supprimer d’ici à 2100. Le tout dans un esprit de coopération, c’est-à-dire en renonçant aux intérêts particuliers. Autant dire une belle utopie et un défi immense à relever si l’humanité ne veut pas finir carbonisée. »
« En adoptant en octobre un nouveau plan de réduction des émissions de gaz à effet de serre correspondant au minimum requis par les experts du Giec, l’Union Européenne a démontré qu’un compromis est atteignable entre des pays aux intérêts divergents, y compris dans un contexte économique plaçant logiquement la croissance et l’emploi en tête des priorités », se réjouit malgré tout Dominique Garraud, dans les colonnes de « La Charente Libre ».
« Il revient singulièrement à François Hollande de convaincre les plus réticents des pays qui se retrouveront en décembre à Lima pour préparer la conférence de Paris. Sa visite officielle débutée hier dans un Canada pleinement engagé dans l’exploitation – ravageuse – pour l’environnement de ses ressources en gaz et en pétrole de schiste aura ainsi valeur de test. »
« Les écologistes feraient mieux de se concentrer sur cette question vitale duréchauffement climatique, plutôt que de se retrouver à manifester aux côtés d’anarchistes ou de casseurs », juge de son côté Bruno Dive, pour « Sud-Ouest ». « Par la multiplication de déclarations intempestives de leurs leaders, par leurs réticences ou leur retard à condamner des violences inadmissibles, ils nuisent à leur crédit et à la cause suprême qu’ils devraient défendre. »
« Sans doute ce président et ce gouvernement ne montrent-ils pas une fibre verte très poussée », affirme l’éditorialiste. « Mais ils ont fait voter une loi sur la transition énergétique que les écologistes ont agréée. [...] Cette cause est noble ; elle est même vitale. Pourquoi la discréditer en s’affichant dans des manifestations avec des « alliés » pour le moins douteux et souvent violents ? Rien ne devrait faire « barrage » à la lutte contre le dérèglement climatique. »
« La montée des épisodes climatiques extrêmes fragilisant la sécurité alimentaire et la disponibilité en eau, les décennies à venir vont voir s’amplifier les déplacements de populations et les conflits pour l’accès aux ressources », prédit quant à lui Philippe Waucampt dans « Le Républicain Lorrain ». « En tirant une nouvelle fois le signal d’alarme, le Giec tente de mobiliser les Etats avant qu’il ne soit trop tard. L’objectif de limiter à deux degrés l’augmentation de la température d’ici à 2050 suppose de réduire de moitié au minimum les émissions de gaz à effet de serre. Ce que l’accès à un pétrole redevenu moins cher est loin de garantir. »
Et l’éditorialiste de s’inquiéter du « risque de voir l’actuel monde multipolaire s’avérer encore plus incontrôlable politiquement [et] d’observer une radicalisation de la conscience écologiste dont les événements de ces derniers jours en France ne sont sans doute qu’un avant-goût ».
Lisez l’article sur : L’obs