« Cet article met en exergue trois solutions innovantes pour réduire les GES en ville: un écoquartier moins chaud que le reste de la ville, des fenêtres intelligentes et photovoltaïques, l’installation de « métro-câbles ». Ces innovations, développées à une échelle plus large, devraient permettre de respecter le maintien de la température actuelle de notre planète. Encore faut-il que ces innovations soient expérimentées et financées dans l’ensemble des métropoles internationales… Néanmoins, si les gouvernements sont prêts à faire cet effort, les résultats ne pourront qu’être satisfaisants! Wait and See donc… »
Corentin Greuez
Géographe/Urbaniste Consultant – Staff Planète
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La remise des clefs a eu lieu en 2007. L’écoquartier de Wuhan conçu par le cabinet d’ingénierie écologique Phytorestore est aujourd’hui habité par 50.000 personnes. Installé sur une superficie de près de 600.000 m2, dont 30 % d’espaces verts, le quartier a été retenu comme référence par les autorités chinoises parmi 80 projets. « Il a servi de modèle à une vingtaine d’autres projets », explique fièrement Thierry Jacquet. Le PDG et fondateur de Phytorestore est intarissable sur cette réalisation qui concentre, selon lui, bon nombre d’innovations. L’isolation des bâtiments a été travaillée, tout comme la ventilation naturelle ou la gestion de l’eau. « Pendant l’été, notre écoquartier est de 5 à 6 degrés moins chaud que le reste de la ville », explique le créateur. Des innovations d’ordre urbain ont également été apportées. Le cahier des charges imposait une urbanité de type Pays-Bas avec un réseau de canaux, le designer y a ajouté une zone piétonne. Et, dans un pays où l’automobile est reine, il est aussi parvenu à imposer des parkings en périphérie, à proximité des gares de transport en commun. Une prouesse.
Pour le district de Barnim, près de Berlin, l’aventure écologique a commencé avec le nouveau bâtiment administratif, inauguré en 2007. Temple de l’efficacité énergétique, il possède des fenêtres intelligentes, qui s’assombrissent ou s’éclaircissent selon le soleil, ou des panneaux photovoltaïques sur le parking (photo) où s’alimentent gratuitement les véhicules électriques. « Cet espace nous a incités à lancer une stratégie zéro émission visant à atteindre dès 2011 les objectifs de 2020 du gouvernement fédéral en matière de CO2 », explique Thomas Simon, directeur de la Barnimer Energiegesellschaft. La société conseille les municipalités du district, dont les capacités photovoltaïques et éoliennes suffisent à couvrir les besoins en électricité de ses 178.000 habitants. Parmi ses initiatives, un programme d’éveil aux questions environnementales pour les jardins d’enfants, qui a été primé par l’Agence fédérale de l’énergie. Prochaine étape : l’étude d’un projet de centrale à biomasse fonctionnant à partir des déchets ménagers. La région envisage également de s’associer à la régie municipale de Bernau pour la reprise de réseaux de distribution électriques et gaziers. « L’économie circulaire parle aux citoyens », dit un porte-parole.
On ne connaissait pas Medellin sous ce jour. Depuis 2003, la deuxième ville de Colombie (2,5 millions d’habitants), véritable poumon économique du pays, joue la carte des « transports collectifs doux ». En 2004 et 2008, deux téléphériques ont commencé à desservir ses territoires urbains les plus déshérités. Deux autres de ces « métro-câbles » sont en cours de réalisation pour désenclaver ces « quartiers informels », accrochés sur des collines aux pentes abruptes. L’idée première est d’arracher ces territoires au narcotrafic. Mais pas seulement. Ces opérations s’inscrivent dans le concept de « corridor vert » défendu par la municipalité. Ce type d’infrastructure contribue en effet à réduire les émissions de CO2. Le gain s’élèverait à 7.300 tonnes par an, la production électrique colombienne étant principalement d’origine hydraulique. Par ailleurs, ces liaisons participent au verdissement de la ville, avec leur accès et leurs espaces publics plantés. Elles contribuent aussi à améliorer la gestion des déchets.
Auteur: Les Echos
Publié le 1er Juillet 2015
Disponible sur le site LesEchos.fr
Photo à la une: En Colombie, Medellin mise sur ses « métro-câbles » pour émettre moins de CO2